Avec l'Ecole de broderie d'Art de Quimper qu'il a créée, Pascal Jaouen a donné un sérieux coup de jeune à la broderie traditionnelle : « Brodeur styliste » iconoclaste et facétieux, il sait mieux que quiconque inscrire la broderie traditionnelle dans notre époque avec des créations (vêtements, arts de la table,…) d’une modernité saisissante.
D’abord connu en tant que brodeur, il s’est fait sa place dans le haut de gamme du prêt à porter en invitant le public à découvrir ses collections lors de ses défilés spectacles. Il imagine ses créations portées par des hommes et des femmes d’aujourd’hui, qui osent et se plaisent à porter des vêtements qui ont une âme.
Son travail, sa passion est d’apprivoiser la culture bretonne, ses traditions et son patrimoine débarrassés de tous clichés et de la transmettre à ses élèves. L'Ecole de Broderie d'Art enseigne à tous et à toutes, débutant(e)s comme initié(e)s, la broderie Glazig, le passé empiétant, la broderie blanche, les jours anciens,… Elle propose des cours réguliers hebdomadaires, bi-mensuels ou mensuels, de septembre à juin, dans différentes villes de Bretagne : Quimper, Brest, Lorient, Rennes, Vannes, Nantes... Pascal Jaouen anime également des stages de manière ponctuelle dans d’autres grandes villes de France.
Nous vous invitons donc à venir découvrir cet artiste, son école et ses créations enracinés de manière subtile dans une tradition séculaire au travers de ce site internet. N'hésitez pas à prendre du temps et à venir consulter les actualités pour découvrir d'autres facettes de cet univers du beau.
Né en 1962 à Quimperlé dans le Finistère, Pascal Jaouen est émerveillé dès sa plus tendre enfance par les costumes traditionnels et les coiffes brodés main. Il s’nscrit dès l’âge de 8 ans au cercle celtique de sa ville natale, puis à Elliant et ensuite à Pont-l’Abbé.
La diversité des motifs et des techniques de broderie des différents pays de Bretagne le fascinent. En 1985, il intègre le cercle de Pont-l’Abbé et en devient rapidement le président. Membre de la Confédération War’l Leur, il participe à l’atelier de broderie où il fait ses premiers pas et ses premières aiguillées de perles et de fils avec la brodeuse chevronnée, Viviane Hélias.
Très vite initié, il donne des cours de broderie au sein de la confédération ainsi qu’à Pont-L’Abbé et anime l’atelier « Le samedi du brodeur » au Musée départemental breton à Quimper. Passionné, il effectue un travail de collectage de motifs et de techniques dans le pays de Cornouaille à la recherche de procédés et de points absents des ouvrages car seulement transmis oralement. Puis, Il suit une formation chez Lesage à Paris. Jardinier paysagiste de métier, l’idée de se consacrer entièrement à sa passion de brodeur germe.
D’autant plus qu’il a pris conscience de l’urgence de sauvegarder et de transmettre ce merveilleux savoir-faire des brodeurs bretons en voie de disparition. De fil en aiguille, il crée sa propre entreprise « l’Ecole de broderie d’Art de Kemper » en 1995. Seul enseignant au départ, la structure en compte aujourd’hui cinq sur une quinzaine d’écoles jusqu’à Nantes, sans compter les stages dans différentes villes de France et à l’étranger.
S’il veut pérenniser cet art du fil breton, Pascal Jaouen veut avant tout faire évoluer la broderie et la sortir de son cadre traditionnel. Particulièrement attaché à la broderie du « pays de Quimper » - dit le pays Glazik - avec ses motifs au fil de soie et aux couleurs chatoyantes, il crée et brode sa première composition « Le tapis d’Orient ».
Exposée à la 1ère Biennale de Broderie d’Art à Bayeux en 1995, la réalisation interpelle et enthousiasme par son ambiance étonnamment orientale. Ce succès l’incite à poursuivre dans cette voie créatrice : la réalisation de compositions au fil de soie, matériau noble qu’il affectionne, en s’inspirant des points et des motifs des costumes que portaient les hommes de Quimper. Il y ajoute son inspiration personnelle dans des motifs aux graphismes originaux et n’hésite pas à associer aux fils de soie des végétaux comme l’oyat, plante qui pousse sur les dunes, mais aussi des perles de verre et des galons. Cette broderie ainsi révisitée, tranformée en création contemporaine, que Pascal Jaouen appelle « Broderie Glazig » fait la renommée de l’Ecole de broderie d’art de Kemper.
Son travail attire le regard des plus avertis, ce qui l’amène à exposer à Tokyo et à réaliser la broderie de l’habit d’académicien de l’architecte Michel Folliasson en 1999. En 2001 et 2002, sollicité par M.Yves Sabourin, chargé de mission pour le textile à la délégation aux Arts Plastiques du Ministère de la Culture, il va participer à la création de plusieurs pièces contemporaines dans le cadre de l’exposition « Métissages » présentée au Musée du Louvre, puis au Mexique et aux Etats-Unis. Après quelques années d’enseignement, bouillonnant d’idées créatrices, il confectionne et brode des vêtements haut de gamme. Puisant son inspiration des motifs traditionnels, il les transpose sur des modèles contemporains qu’il crée également.
Ainsi se sont succédé les collections « Itinérances » en 2002, « Regards vers l’Ouest » en 2008, « Au fil des trois éléments » en 2010 et enfin « Gwenn-Ha-Du » en 2014. Ces défilés et les expositions qui s’en sont suivies ont rassemblé et ravi les yeux de plus de 5000 spectateurs et lui ont également permis de toucher le cœur d’artistes comme Gwennyn, Nolwenn Leroy ou encore Cécile Corbel qui ont choisi de porter sur scène des créations de ce brodeur styliste.
Sa dernière collection « Gwenn-Ha-Du » est un véritable (et vibrant) hommage à la Bretagne toute entière mais aussi un remerciement à sa terre d’origine pour tout ce qu’elle lui a apporté culturellement et émotionnellement. Une façon aussi de puiser dans ses racines pour en tirer le meilleur, sans oublier d’évoquer les tragédies et les drames que la Bretagne a traversés et qui l’ont rendue plus forte et combative : du vrai, du beau, de l’authentique.
Au travers des 45 modèles que compte la collection sont évoqués également les grands symboles bretons : l’hermine et l’hymne breton (le « Bro gozh ma zadoù ») auxquels Pascal Jaouen redonne leurs lettres de noblesse et tout leur éclat en les déclinant sous la palette des couleurs de la bannière bretonne : du blanc immaculé au noir profond.
Pascal Jaouen a donc une nouvelle fois relevé le défi de marier savoir-faire d’antan et mode contemporaine dans le respect d’éléments empruntés aux parures traditionnelles de Bretagne, que ce soit dans la coupe, le choix des matériaux ou les techniques de broderie utilisées. Ainsi le passé empiétant côtoie la broderie de Lunéville et le perlage complète harmonieusement les broderies Glazig ou bigoudènes.
Ces techniques sont appliquées sur des tissus précieux comme les brocards, satins, mousselines, doupions ou tulles de soie, les dentelles de Chantilly ou encore les ottomans, l’organza ou même la fourrure.
Tous ces supports d’ombre et de lumière sont agrémentés d’une profusion de perles, plumes, strass, paillettes, boutons et sequins qui étincellent comme autant de gouttes de rosée. Notons également un clin d’œil régional et original d’un boléro brodé de… coquillages.
Le clap de fin a désormais retenti sur les défilés « Gwenn-Ha-Du » mais restent les 45 tenues de rêve qui seront exposées au sein même de l’Ecole de Broderie d’Art de Quimper.
Fidèle à sa volonté première de transmission de son savoir-faire, Pascal Jaouen fera don de la pièce maîtresse de sa collection : la robe Hermine au Musée Départemental Breton, à l’occasion des prochaines journées du patrimoine. Tout un symbole…